Iain Cameron

Iain Cameron

Directeur Technique PMO

Iain Cameron, en qualité de directeur technique PMO chez Assystem, se distingue par son expertise dans le domaine du contrôle et de la réalisation de projets. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur, il a bâti une solide expérience en collaborant à la fois avec les clients et en tant que prestataire, en livrant des actifs d’infrastructure physiques et virtuels. Iain a dirigé l’intégration numérique des contrôles de conception sur des projets d’infrastructure d’envergure mondiale. Sa compétence a été saluée par sa nomination en tant que finaliste au Project Controls Expo 2022 au Royaume-Uni.

La productivité du secteur de la construction est souvent considérée comme la plus faible de tous les secteurs industriels. Le dernier rapport du McKinsey Global Institute souligne en effet que ce secteur est resté globalement stagnant pendant plusieurs décennies. Au Royaume-Uni, l'écart se creuse entre la productivité globale de l'économie britannique et celle du secteur des infrastructures, s'élevant à environ 30 %, soit 10 milliards de livres sterling par an (Office of National Statistics). Selon l'Institute for Government, cet écart est étroitement lié au coût prévisionnel du financement de l'objectif "zéro carbone" au Royaume-Uni d'ici à 2050. Combler cet écart de productivité permettrait donc d'obtenir les moyens financiers nécessaires au respect des engagements pris pour lutter contre le changement climatique. Il en va de même en France et dans l'ensemble de l'UE, où un accroissement de la productivité du secteur permettrait de réduire les coûts et de remédier à la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, selon le groupe ING. 

S’il est naïf de prétendre que la mise en œuvre d'un PMO digitalisé sur chaque projet d'infrastructure permettrait de combler cet écart de productivité, il demeure que l'intégration de compétences en matière de nouvelles technologies et de management des données au sein du PMO peut jouer un rôle essentiel.   

L’importance de la digitalisation d’un Project Management Office  


Un PMO digitalisé intègre les outils numériques, l'analyse des données et les nouvelles technologies dans de multiples disciplines liées au PMO afin d'en maximiser l'efficacité. Il renforce la capacité à synthétiser les informations et à présenter des conclusions et des déductions de manière percutante et compréhensible. 

Un PMO digitalisé efficace nécessite des spécialistes expérimentés capables de travailler dans plusieurs disciplines : la planification de projets, la définition du champ d'application et la gestion des exigences, la gestion des contrats, l'estimation des coûts et l'établissement du budget, la conduite du changement, la gestion de l'information, ainsi que dans la gestion et la valorisation des données, associées aux nouvelles technologies et outils de développement (no code, low code, logiciels spécialisés, PPM), etc.

Les mécanismes de gouvernance sont essentiels au maintien de l'intégrité et de la fiabilité des données, ce qui permet de prendre des décisions éclairées dans le cadre de divers processus métier.

Mais qu'est-ce que la productivité ? 

Dans ce contexte, le gain de productivité est défini en fonction du temps (jour homme), de l'énergie, des efforts et, bien sûr, des coûts associés au projet.  

Les statistiques du Chartered Institute of Building Productivity (Institut de l'industrie de la construction basé aux États-Unis) et l'enquête sectorielle menée par Assystem (recherche conduite auprès de nombreuses entreprises dans le monde) montrent que trois facteurs permettent d'améliorer la productivité : 

  1. Une meilleure appréhension de la variabilité des projets 
  2. Une communication efficace  
  3. Des résultats prévisionnels fiables  

La digitalisation du PMO, lorsqu'elle est efficace, apporte une réelle valeur ajoutée, bien qu'il soit trop fréquent d'observer des pratiques digitales peu performantes. 

"C'est l'équivalent digital d'une bibliothèque de livres, classés sur les étagères appropriées et disposant d’un système d'indexation permettant de relier les ouvrages les uns aux autres afin d'en suivre l'utilisation et l'emplacement. Malheureusement, dans la réalité, les experts arrivent souvent sur un projet proche de la livraison pour y trouver, non pas une bibliothèque ordonnée, mais au contraire une pile de livres désordonnée sur le sol, inutilisée et ignorée. Une situation destructrice de valeur s'il en est", déclare Iain Cameron, Directeur technique PMO d'Assystem au Royaume-Uni. 

Un PMO digitalisé pour mieux appréhender la variabilité des projets

À l'aide des spécifications initiales et finales et, des données relatives au coût et à la durée du projet, le PMO digitalisé peut organiser les éléments en groupes statistiques distincts, appelés "classes de référence". L'analyse permet ainsi aux experts d'estimer l'effet des "facteurs inconnus", même au début du cycle d'engagement des capitaux. Cette technique est tout d’abord utilisée au niveau global du projet, avant d’être appliquée à des lots plus spécifiques ou identifiés comme critiques. Cela permet au PMO digitalisé de contribuer efficacement au renforcement de la fiabilité des prévisions de coûts et de délais.

La définition du périmètre est importante à cet égard, et le PMO digitalisé utilise à cet effet deux structures principales : l'Asset Breakdown Structure (ABS) et la Location Breakdown Structure (LBS). L'ABS est généralement utilisé pour plusieurs projets, tandis que la LBS est spécifique à un projet. L'intersection de ces deux modèles permet de créer les registres de contrôle, qui s'inscrivent dans une arborescence de tâches (Work Breakdown Structure - WBS), laquelle peut être divisée en lots de travaux avec des phases de livraison ou s'appliquer à différents contrats. Cette classification est établie dans un environnement de données de référence ou un modèle de données, et le PMO digitalisé facilite la mise en place et la maintenance de cette structure.

Par exemple, dans le cadre d'une mission récemment confiée par un client gestionnaire d'infrastructure industrielle, celui-ci souhaitait diviser le périmètre du projet en groupes avec des unités de mesure de référence pour chaque groupe, afin de permettre le suivi de la variabilité des performances globales et mensuelles au cours de la réalisation du projet. L'utilisation du PMO digitalisé pour piloter l'ensemble du cycle de vie de la prestation a permis d'adopter une approche standardisée. En outre, cette codification a permis de filtrer et de rechercher facilement les intentions de conception dans l'ensemble du programme, par équipement ou par site.

Un PMO digitalisé pour communiquer efficacement

Dans un contexte organisationnel dynamique, la mise en place d'un cadre structuré dès le départ est cruciale pour une communication et une gestion de l'information efficaces. Ce cadre, géré par le PMO digitalisé, simplifie les processus de traitement des données tout au long de la supply chain, ce qui permet d'en réduire la complexité et d'en améliorer la cohérence.  

Les fonctions du PMO digitalisé, telles que la spécification des exigences, une communication efficace et la validation des données, sont essentielles pour une intégration efficace de ces dernières. Cela permet aux experts de définir clairement les cas d'usage des informations et de respecter les critères de la norme ISO 19650 afin de s'assurer de la cohérence entre la demande d'informations et le besoin d'informations. Cela permet aussi de prévenir la métaphore de la "pile de livres désordonnée sur le sol de la bibliothèque, inutilisée et ignorée", qui représente des coûts supplémentaires mais aucune valeur ajoutée pour la supply chain. 

Encore une fois, à titre d'exemple, on peut atteindre un niveau de productivité considérable simplement en rassemblant les documents pertinents pour une revue de conception ou pour la remise d'une étude. Allotir des documents selon des lots de travaux de conception ou de livraison dans le cadre de l'ABS, du LBS ou d'une structure de contrôle permet de centraliser et de relier rapidement les documents relatifs à la conception, aux essais, à la mise en service, à la visualisation et aux actifs au sein d'un "hub de visualisation virtuel". 

Un PMO digitalisé pour mieux anticiper les résultats

Il est essentiel de consolider les données et de les exploiter pour renforcer les méthodes de reporting et de prévisions plus traditionnelles fondées sur la "valeur acquise", dans la mesure où cela permet de disposer d'une vue d'ensemble et exhaustive des performances du projet. 

Cette triangulation de données numériques précises, associées à des tableaux de bord simples disponibles à la demande ou à des visualisations multidimensionnelles accompagnées de descriptions, permet de mettre en évidence des indicateurs de performance pertinents. Cela peut considérablement améliorer la productivité en facilitant, par exemple, la récupération des informations nécessaires à une revue de conception, à une simulation de mise en service ou à la validation d'une exigence. 

En reliant plusieurs sources de données et en vérifiant leur provenance auprès des maîtres d'ouvrage, il est possible de faire émerger des informations qui n'auraient pas été détectées autrement. Par exemple, l'analyse du planning indique-t-elle un plan d'investissement ou une répartition des ressources qui ne correspond pas aux besoins réels ou à la planification initiale ? Si c'est le cas, les prévisions de planning pourraient être trop optimistes et devraient être réexaminées avant la prochaine période de prévision.

Pour améliorer la productivité des infrastructures, il faut en comprendre la variabilité, établir des prévisions fiables et améliorer la communication avec les parties prenantes. Ces facteurs ont un impact direct sur la création de valeur et sur le nombre d'heures de travail, crucial pour la productivité. Pour réduire le nombre d'heures de travail et augmenter la valeur ajoutée, il faut notamment mettre en place des processus et des modèles de données digitaux qui structureront le PMO digitalisé, définir clairement les besoins en données, créer un environnement de données de référence et valider les données avant de les analyser.

Une communication efficace, facilitée par des outils de visualisation, est également un facteur de valeur ajoutée. La simplification de la transmission de données sur la base de cas d'usage clairs garantit au PMO digitalisé la création effective de valeur ajoutée, sans dépassement de coûts.

Sources : 

  • Office of National Statistics (Royaume-Uni)
  • Institute for Government (Royaume-Uni)
  • McKinsey Global Institute (Monde)
  • ING Group (France)
  • Chartered Institute of Building Productivity (Etats-Unis)

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